Charles Baudelaire (1821-1867) : Les Petites Vieilles

Les Tableaux Parisiens font partie du recueil de poèmes Les Fleurs du Mal (1861).
Le kiosque à musique n’est pas nommé mais il est sous-entendu : “Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre, Dont les soldats parfois inondent nos jardins”

Les Petites Vieilles

[…]

III

Ah! que j’en ai suivi de ces petites vieilles!
Une, entre autres, à l’heure où le soleil tombant
Ensanglante le ciel de blessures vermeilles,
Pensive, s’asseyait à l’écart sur un banc,

Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre,
Dont les soldats parfois inondent nos jardins,
Et qui, dans ces soirs d’or où l’on se sent revivre,
Versent quelque héroïsme au cœur des citadins.

Celle-là, droite encor, fière et sentant la règle,
Humait avidement ce chant vif et guerrier;
Son œil parfois s’ouvrait comme l’œil d’un vieil aigle;
Son front de marbre avait l’air fait pour le laurier!

BAUDELAIRE, Charles, Les Tableaux Parisiens, in Les Fleurs du Mal, Éditions Gallimard, coll. Folio, 1999, 343 p., ISBN 978-2070409044

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